Autisme et parentalité : rendez-vous le 10 mars

Par Christiane Alberti.

La première Journée du Centre d’études et de recherches sur l’autisme de l’ECF (CERA) a choisi de mettre à l’étude la question de l’autisme dans son lien à la parentalité. Remarquons pour commencer que, si la clinique psychanalytique de l’autisme n’est pas nouvelle, la promotion du néologisme parentalité a vu le jour à l’époque des nouvelles utopies de la famille : les fonctions traditionnelles père/mère connaissent une variété accrue d’arrangements symboliques et la notion de parent tend à s’y substituer, indépendamment de la différence des sexes.

Lacan avait anticipé ce changement essentiel en indiquant qu’une autre fonction prend progressivement le relai de la clef de voûte du système symbolique qu’était le Nom du père : la fonction du « nommer à… », fonction que les parents peuvent accomplir.

Dans cette fonction, deux éléments sont essentiels. Les parents ont d’une part un savoir authentique, tissé dans le lien à la fois de corps et d’amour qu’ils ont à leur enfant. C’est un savoir vivant, incarné, car issu de l’expérience. À ce titre il résiste aux abstractions, aux généralités les plus inhumaines. Les parents ont d’autre part un désir (fonction ou principe du désir de la mère) qui s’adresse à leur enfant.

Les témoignages des parents d’enfants ou de jeunes adultes autistes qui se font de plus en plus nombreux, écrits ou parlés, traduisent que ces deux éléments prennent une couleur spécifique dès lors que l’enfant ou le jeune adulte autiste semble se montrer imperméable à ce désir. Les parents cherchent à cet égard à inventer d’autres formes de cette fonction désir.

Les inventions, les trouvailles, les formulations originales se font avec le temps : les parents le disent. Lacan évoque à propos d’une analyse qu’il faut « le temps de se faire à l’être », ne peut-on penser que dans ce cas, comme dans beaucoup d’autres, il faut le temps de « se faire à l’être parent » ?

Se faire parent, ce sera d’ailleurs le titre d’une séquence de cette Journée. Des interventions de parents d’enfants ou de jeunes adultes autistes apporteront un éclairage irremplaçable à l’objet de cette première journée. Ce que les parents disent de leur enfant, ce que les enfants disent de leur parent, seront autant de paroles qui tiendront lieu de table d’orientation.

La psychanalyse part de là avec les parents. Avec signifie que psychanalyste et parent ne désigne pas la même place, ni la même position mais le fait d’avoir en commun le désir à l’œuvre d’accueillir et d’accompagner ces sujets dans leur différence : ils se font partenaires.

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