Par Marie Le Blanc.
Dans le cadre de la venue de Daniel Tammet, écrivain, poète, diagnostiqué syndrome d’Asperger à l’âge adulte, le mercredi 28 mars à 20h, amphi A4 à l’Université de Rennes2, nous avons souhaité poser deux questions à Myriam Chérel, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, et responsable du Groupe Recherche Autisme à Rennes2.
Marie Le Blanc : Le séminaire du Groupe recherches Autisme de l’Université invite Daniel Tammet, comment diriez-vous l’intérêt particulier de cette invitation dans le cadre d’une recherche universitaire sur l’autisme ?
Myriam Chérel : D’abord, les recherches en psychanalyse ne se fondent que de la clinique, précisément de la parole des sujets en question, des dires, des créations, des modalités de jouissance et inventions subjectives de ceux dont elles cherchent à saisir le fonctionnement spécifique. Ecouter Daniel Tammet, ce qu’il a à dire sur son rapport au langage, aux langues, aux mots, à la parole, mais aussi aux chiffres, aux autres et à son corps est des plus précieux pour les chercheurs que nous sommes afin d’avancer un certain nombre de points essentiels d’une part quant à sa propension compensatoire et plus largement quant aux spécificités de la construction de la dynamique subjective autistique, et surtout quant à ce que l’on peut proposer comme traitement de l’autisme, comme prise en charge institutionnelle qui tiendrait compte de ces particularités subjectives. Alors évidemment, pouvoir adresser un certain nombre de questions à Daniel Tammet est un véritable événement pour notre groupe de recherche et ses avancées, pour notre communauté analytique bien entendu.
MLB : La question des langues est très présente dans l’œuvre de Daniel Tammet ; son dernier livre traite plus précisément de cette question. Comment lisez vous son titre si poétique ?
MC : Très poétique en effet mais surtout surprenant, comme si ce titre recélait un secret, celui de la clé de la logique subjective de Daniel Tammet quant à son appréhension de la langue. C’est une définition incroyable du mot, où l’objet voix semble traité pour avoir justement accès à la signification et à la parole, un apprentissage par Daniel Tammet lui-même du langage. Dès le début de son dernier livre Chaque mot est un oiseau à qui l’on apprend à chanter, il nous livre qu’il n’a jamais fait de la langue maternelle sa langue. Il en avait une autre, celle des chiffres. C’est en y associant une couleur qu’il ordonnancera et codera ce qui nous entoure. Aujourd’hui il parcourt le monde en apprenant chaque langue des pays visités, chaque dialecte des tribus. C’est un voyage fascinant dans l’univers des langues et de ceux qui les parlent, les inventent ou les étudient. Daniel Tammet a beaucoup à nous apprendre.
A l’issue de la conférence aura lieu une séance de dédicaces de son ouvrage : Chaque mot est un oiseau à qui l’on apprend à chanter (Editions Les Arènes, 2017)
Conférence de Daniel Tammet
Mercredi 28 mars 2018 à 20h
Amphithéâtre A4
Campus Villejean
Université Rennes2