Par Patricia Wartelle, secrétaire du CERA.
Nous étions nombreux pour la reprise des enseignements du CERA qui s’est tenue par visioconférence ce samedi 16 janvier. Cette matinée a été présidée par Ligia Gorini qui coordonne les enseignements du CERA. Jean-François Cottes, directeur du CERA, est intervenu en début de matinée à l’occasion de la reprise des activités publiques, après près d’un an d’interruption en raison de la crise sanitaire.
Un regard neuf, vivifiant, a animé cette matinée intitulée « L’autisme, lalangue et le corps », tout en poursuivant le fil de l’élaboration qui s’est inaugurée au CERA depuis 2017. Des styles et des méthodes sont explorés avec des psychanalystes membres de l’ECF, des parents, des personnes autistes, des praticiens.
Katty Langelez-Stevens nous a transmis un précieux enseignement à partir de son expérience de superviseuse et de coordinatrice clinique des Ateliers du 94. Elle a su nous faire entendre très finement, comment se mettre à l’école de l’autisme pour apprendre à lire le réel dans le dernier enseignement de Lacan. Les autistes possèdent « plusieurs longueurs d’avance sur nous dans leur approche du réel et de sa topologie », a-t-elle précisé. Dépliant avec clarté les points structuraux du trop de mots et de l’absence d’image auxquels est confronté le sujet autiste.
Le dernier enseignement de Lacan nous permet d’appréhender l’autisme comme une position du sujet face à lalangue, non pas en tant que pathologie mais comme manière d’être au monde, un style. Elle nous a démontré comment la clinique peut venir appuyer la théorie ou la contredire. Nous avons pu apprécier les retournements inouïs qui se sont opérés, comment chacun recherche le lien social, ou encore comment chacun a besoin de changement, toujours avec tact et « doux forçage », et d’autres pas forcément. Comment chacun cherche à se construire un corps en l’absence d’image et de signifiant, en s’appuyant sur le double, en creusant l’espace par des allers et venues. Elle nous a sensibilisé à la distinction à faire entre le style et la structure, permettant d’accueillir l’invention du parlêtre qui se défend contre le réel.
L’échange clinique avec Mireille Battut a fait quant à lui résonner cet enseignement ; nous avons été sensible notamment à la façon dont elle accueille les deux modes d’être au monde de Louis et Georges dans le contexte actuel de la pandémie, du visage masqué. Louis structure son espace topologique en se mettant dans le champ du regard de l’autre pour se déplacer, trouver sa place dans le monde. Puis, par surprise, il se met hors champ du regard, ce qui le fait rire. Louis « fait son trou », comme l’a proposé Katty Langelez-Stevens. Mireille Battut, quant à elle, accueille le nouveau avec Louis par un dire, et en épingle, pour nous, le style taquin. Alors que son frère, Georges, fait porter le « monde déréglé », le ratage du monde, à la génération précédente, à laquelle il lui revient de le réparer. Lui, pendant ce temps-là, peut continuer de profiter de ses avancées technologiques. Taquin, il l’est aussi, mais de manière différente. Au-delà, c’est l’enseignement de Lacan qui résonne différemment, nous dit-elle, pour Louis, Georges et elle, en faisant circuler un « ça vit ».
Cette matinée s’est clôturée par une surprise musicale, ce fût une joie partagée avec les participants que nous remercions de leur présence, de leurs remarques, questions, de leurs messages encourageants. Nous avons hâte de vous retrouver le samedi 6 février à 10h00 pour entendre Maryse Roy, sous le titre « Des pas décisifs », ainsi que Christine Barsse.
Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire pour la prochaine matinée.
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Lire aussi l’intervention de Jean-François Cottes, directeur du CERA, et l’intervention de Ligia Gorini, coordinatrice des enseignements du CERA.
