Par Alain Courbis.
Flèche pour le Colloque ACF sur l’autisme du 5 octobre 2017
Explicites sont les « Recommandations éthiques de l’HAS »[1]concernant le traitement de l’autisme : « respecter la singularité de l’enfant, rechercher son adhésion, le faire participer aux décisions et prendre en compte ses goûts et ses intérêts ». Mais, en dépit de ces préconisations, un nombre croissant d’autistes de haut niveau témoignent dans leurs écrits de l’incidence perturbante des techniques éducatives et thérapeutiques qu’ils se sont vus imposer. Ainsi, dans son dernier ouvrage, Temple Grandin[2] vilipende les « penseurs enfermés » du système médical et insiste sur la nécessaire prise en compte de l’expérience de vie de chaque autiste, contestant par ailleurs le recours systématique aux items standardisés et aux protocoles dans le traitement de l’autisme. Du reste, sur l’application de ces protocoles, nombre de parents refusent de se « transformer en professionnels de leur enfant » et se montrant soucieux de ne pas imposer à leur enfant leur réalité, recherchent avec eux comment « devenir co-inventeurs de leurs solutions ».[3]
L’ironie mordante de certains d’entre eux, « Plutôt coupable qu’ABA » énonce une de ces mères[4] », recoupe les questions que le traitement de l’autisme pose aux professionnels là où – comme le rappelle J.C. Maleval[5] : « l’ignorance de la cause de l’autisme fait consensus » dans le champ psy. Ainsi, à l’encontre du package éducatif valant pour tous préconisé par certains, c’est à s’éduquer à « comprendre l’énigme » que représente chaque autiste que se rompent d’autres professionnels. Dès lors, ceux-ci, prenant appui sur le « savoir implicite » de chaque sujet et respectueux de ses « points forts », de ses « affinités », soutiennent, par un « doux forçage » son insertion dans l’Autre.
[1] Haute autorité de la santé : Autisme et autres troubles envahissants. Interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent. Synthèse de la recommandation de bonnes pratiques. Mars 2012, p.1.
[2] T. Grandin et R. Panek, « The autistic brain », Boston : Honghton Diffling Harcourt, 2013.
[3] M. Battut, « La mémoire des jambes », Le forum des psychanalystes n°4, Juin 2014, p.18.
[4] M. Battut, ibid, p.17.
[5] J.C. Maleval, « Un avis qui cherche à clore la science de l’autisme, Le Forum des psychanalystes, op. cit., p.5.