par François Bony.
Les autistes eux-mêmes, par la voix de l’un d’entre eux, Joseph Schovanec, ne veulent pas de l’Arrêté gouvernemental relatif au diagnostic et à l’intervention précoce auprès des enfants autistes !
Selon Josef Schovanec, « le prochain scandale de l’autisme est celui du business, des formations : des milliers d’euros du plan autisme et du Ministère sont détournés vers des boites privées pour des formations autisme détenues par une minuscule poignée de personnes. […] Faire appel à un certain nombre de “formateurs officiels” bien connus des couloirs dorés, dont les prestations sont facturées à cinq chiffres est parfois une sorte de prérequis pour que votre projet aboutisse dans l’autisme. »[1]
Si « la structure vérifie ainsi, avant la signature du contrat, que le psychologue détient l’expertise nécessaire à son intervention »[2], nous ne nous inquiétons donc pas de savoir où iront les sommes considérables que devront dépenser les psychologues ou leurs employeurs pour se mettre aux normes exigées par la Haute autorité de santé, qui se veut la nouvelle police des pratiques dans le champ de ladite santé mentale. HAS qui semble cautionner l’hypothèse qui ferait d’une soi-disant référence à la psychanalyse la cause de carence dans la prise en charge des enfants autistes, en dédouanant ainsi les pouvoirs publics de leur responsabilité dans la création nécessaire d’établissements de soin pour les sujets dont l’inclusion s’avère problématique. Avec une plateforme et l’agrément de libéraux, on crée une institution à ciel ouvert repeinte aux couleurs de l’inclusion.
Le fait est que s’il nous semble que certaines associations de parents « font la loi », au sens littéral autant que métaphorique, et toujours selon Josef Schovanec, « il n’y a quasiment plus de représentation de personnes autistes au comité national d’autisme »[3]. « On ose critiquer et on n’est plus invités. »[4] Les autistes n’ont plus voix au chapitre ! J’ai entendu le même écho d’un parent, représentant d’une association qui ne critiquait pas la psychanalyse, qui, invité à la HAS, s’est entendu dire par la représentante d’une autre association : « Si ce Monsieur reste, moi je ne signe plus rien. » Voilà comment on fabrique des consensus !
Consensus qui consiste à proposer la même méthode pour tous : vouloir faire taire, y compris le symptôme, alors que celui-ci peut-être la première pierre dans la création d’un espace d’échange entre le sujet et son partenaire hors tout protocole.
Cet arrêté, couplé à la volonté de créer un ordre des psychologues, correspond à ce que Babouillec appelle une volonté « de mettre en rang tout ce qui dépasse »[5] à l’encontre de sa singularité et de la richesse de nos pratiques.
[1] Schovanec J. : https://www.tribunejuive.info/2021/04/28/josef-schovanec-malheureux-comme-un-autiste-en-france/
[2] Arrêté du 10 mars 2021 relatif à la définition de l’expertise spécifique des psychologues.
[3] Schovanec J. : https://www.tribunejuive.info/2021/04/28/josef-schovanec-malheureux-comme-un-autiste-en-france/
[4] Ibid.
[5] Bertuccelli J., « préface », Rouge de soi, Babouillec, Paris, Rivages, 2018 p. 6-7